Pourquoi contrôler les EPI n’est pas une option

Quand on parle de sécurité au travail, les Équipements de Protection Individuelle (EPI) sont souvent vus comme une “assurance” de dernière ligne. Casques, gants, harnais, lunettes, chaussures… Ce sont eux qui, dans certaines situations, peuvent faire la différence entre une frayeur et un drame.

Mais encore faut-il qu’ils soient en bon état, adaptés, et conformes. Un casque fendu ou un harnais usé, ce n’est pas un EPI, c’est une illusion de sécurité. Et c’est là que le contrôle des EPI entre en jeu : vérifier qu’ils sont bien conformes, fonctionnels et utilisés à bon escient.

 


Que dit la loi luxembourgeoise ?

La législation est très claire sur le sujet. Le Code du travail luxembourgeois, notamment à travers l’article L.312-1 et suivants, impose à l’employeur de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs. Cela inclut bien entendu les EPI.

Mais ce n’est pas tout. Le Règlement Grand-Ducal du 4 novembre 1994 sur l’utilisation des EPI (transposition de la directive européenne 89/656/CEE) précise que :

 

  • Les EPI doivent être appropriés aux risques à prévenir, sans entraîner eux-mêmes un risque supplémentaire.
  • Ils doivent être adaptés à l’utilisateur (taille, morphologie…).
  • Ils doivent faire l’objet de vérifications régulières et, si besoin, être réparés ou remplacés.
  • L’utilisateur doit être formé à leur usage.

 

En résumé : fournir des EPI ne suffit pas. Il faut aussi les entretenir, vérifier et s’assurer de leur bon usage.

 


Qui est responsable des contrôles ?

C’est l’employeur qui reste légalement responsable de la mise en œuvre du contrôle des EPI.

En pratique, le contrôle peut être assuré par :

 

  • Le travailleur désigné ou la société externe de prévention ;
  • Un responsable HSE ou chef d’équipe formé à cet effet ;
  • Ou dans certains cas, le fabricant ou fournisseur, s’il propose un suivi technique.

 

Mais attention : déléguer ne veut pas dire se décharger. L’obligation reste entre les mains de l’employeur.

 


À quelle fréquence faut-il contrôler les EPI ?

Tout dépend du type d’équipement. La réglementation recommande :

 

  • Un contrôle visuel quotidien par l’utilisateur (avec sensibilisation en amont) ;
  • Un contrôle périodique (mensuel, trimestriel…) par une personne compétente ;
  • Et pour certains EPI techniques comme les harnais, antichutes, ou appareils respiratoires, un contrôle annuel obligatoire par une personne formée.

 

💡 Exemple concret : Un harnais de sécurité utilisé pour les travaux en hauteur doit être contrôlé au minimum une fois par an par une personne compétente, et à chaque fois qu’il a subi un choc.

 


Quels EPI sont concernés ?

Tous. Littéralement tous les EPI fournis par l’entreprise pour assurer la sécurité doivent être contrôlés. Voici quelques exemples classiques :

 

  • Protection de la tête : casques, visières, bouchons auditifs
  • Protection des yeux : lunettes, écrans faciaux
  • Protection respiratoire : masques filtrants, appareils autonomes
  • Protection des mains : gants (anti-coupure, chimiques…)
  • Protection du corps : combinaisons, tabliers
  • Protection contre les chutes : harnais, longes, mousquetons
  • Protection des pieds : chaussures de sécurité

 

Chaque type d’EPI a ses propres critères de vérification (étanchéité, solidité, date limite d’utilisation, conformité CE…).

 


Et si les contrôles ne sont pas faits ?

Là encore, la loi ne plaisante pas. En cas de contrôle de l’ITM ou pire, d’accident, l’absence de vérification des EPI peut entraîner :

 

  • Des sanctions administratives ou pénales ;
  • Une mise en cause de la responsabilité de l’employeur ;
  • Un refus d’indemnisation de la part des assurances en cas de manquement grave.

 

C’est donc autant un sujet de conformité légale qu’un enjeu de protection humaine et réputationnelle.

 


Cas réel : un rappel utile

En 2023, un salarié du secteur BTP au Luxembourg a fait une chute de 4 mètres. Il portait bien un harnais, mais celui-ci était usé, mal fixé, et n’avait pas été contrôlé depuis deux ans. Résultat : une double fracture pour le salarié… et une amende de 10 000 € pour l’entreprise après passage de l’ITM. Comme quoi, même un EPI présent n’est pas une garantie.

 


Qui appeler pour vérifier vos EPI ?

La vérification réglementaire des EPI, notamment ceux à usage spécifique ou à risque élevé (harnais antichute, appareils de protection respiratoire, etc.), ne peut pas être improvisée. Il est essentiel de faire appel à des professionnels compétents et habilités.

Au Luxembourg, les entreprises peuvent faire appel à :

 

  • Des organismes accrédités spécialisés dans la vérification et la maintenance des EPI ;
  • Des fournisseurs d’EPI disposant d’un service après-vente certifié ;
  • Des conseillers en sécurité ou sociétés externes habilitées pour la prévention des risques professionnels ;
  • Ou encore des centres de contrôle agréés, reconnus pour l’inspection périodique du matériel de sécurité (notamment pour les EPI antichute, systèmes de ligne de vie, etc.).

 

En pratique, un simple registre interne ne suffit pas : il faut pouvoir justifier du contrôle par une personne qualifiée, notamment en cas d’audit ou d’accident. Et cela concerne autant les grandes entreprises que les structures plus petites du secteur tertiaire ou artisanal.

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