La sécurité incendie est un pilier essentiel de la prévention des risques professionnels. Les réglementations luxembourgeoises ont évolué ces dernières années pour renforcer la responsabilisation des entreprises face à ces risques. Dans ce numéro, nous vous proposons une analyse approfondie de vos obligations réelles, fondées sur les textes de loi applicables, ainsi que des conseils concrets pour assurer votre conformité.



Contexte réglementaire

La loi de référence en matière de sécurité incendie au Luxembourg est la loi modifiée du 27 mars 2018 portant organisation de la sécurité civile. Elle a été adaptée en 2023 à travers le projet de loi n° 71/2023, afin de clarifier et renforcer certains dispositifs de prévention, notamment à la lumière du Plan National d’Organisation des Secours (PNOS 2020).

Par ailleurs, les obligations de l’employeur en matière de sécurité et de santé au travail sont encadrées par le Code du travail luxembourgeois, Livre III, Titre Ier, Chapitre II (articles L. 312-1 à L. 312-9).



Les obligations réelles des entreprises

🔍 1. Évaluation des risques incendie

Conformément à l’article L.312-1 du Code du travail, l’employeur doit évaluer tous les risques pour la sécurité et la santé des travailleurs, y compris les risques liés à l’incendie. Cette évaluation sert de base pour définir les mesures de prévention à mettre en œuvre.

👉 Cette analyse doit prendre en compte :

  • la nature des matériaux utilisés,
  • les sources potentielles d’inflammation (équipements, process industriels, etc.),
  • les caractéristiques des locaux (nombre d’étages, issues de secours, compartimentage),
  • la présence de travailleurs à mobilité réduite ou vulnérables.

📋 2. Mise en place de consignes de sécurité

L’article L.312-4 impose à l’employeur de prendre des mesures relatives aux premiers secours, à la lutte contre l’incendie et à l’évacuation des travailleurs. Cela comprend l’élaboration de consignes de sécurité claires, visibles et accessibles, adaptées à la configuration des locaux et aux risques présents.

👉 Ces consignes doivent préciser :

  • les rôles et responsabilités en cas d’évacuation,
  • les points de rassemblement,
  • les moyens d’alerte (déclencheurs manuels, alarmes sonores),
  • les numéros d’urgence et les contacts internes.

👥 3. Désignation de travailleurs compétents

Toujours selon l’article L.312-4 (2), l’employeur doit désigner un nombre suffisant de travailleurs formés pour la mise en œuvre des mesures de prévention incendie et d’évacuation. Si ces compétences ne sont pas disponibles en interne, un service externe spécialisé peut être sollicité.

👉 Le nombre de personnes désignées dépend :

  • de la taille de l’entreprise,
  • de la configuration des locaux,
  • de l’évaluation des risques,
  • du taux de présence des salariés sur site (télétravail, rotation, etc.).

🧯 4. Formation du personnel

Le Code du travail (art. L.312-4 et L.312-6) impose une formation adaptée aux travailleurs désignés pour la sécurité. Toutefois, il n’est pas obligatoire de former 100 % des salariés à l’utilisation des extincteurs.

Ce qui est requis :

  • Une formation pratique pour les travailleurs désignés ou membres d’une équipe d’intervention.
  • Une sensibilisation du personnel aux consignes d’évacuation et au comportement à adopter en cas d’alerte incendie.

👉 Cette formation peut être interne ou confiée à un prestataire externe agréé (certains assureurs ou sociétés spécialisées en prévention). Il est conseillé de la renouveler tous les 2 à 3 ans.

🚨 5. Exercices d’évacuation

La loi ne fixe pas de fréquence obligatoire pour tous les types d’entreprises, mais des exercices réguliers sont fortement recommandés, notamment dans les établissements recevant du public ou présentant des risques spécifiques. Ils permettent de tester les procédures et d’identifier les points faibles.

👉 Bonnes pratiques :

  • Réaliser un exercice par an minimum,
  • Chronométrer l’évacuation,
  • Rédiger un rapport d’analyse,
  • Corriger les dysfonctionnements (portes bloquées, mauvaise signalétique, etc.).


Sanctions en cas de non-conformité

📌 En cas de manquement aux obligations, l’ITM peut intervenir et ordonner des mesures correctives, voire la fermeture administrative de tout ou partie des locaux (conformément à l’article L.322-1 du Code du travail).

📌 Le responsable légal de l’entreprise peut également engager sa responsabilité pénale en cas d’accident grave lié à un défaut de prévention (article L.312-9).

📌 Sur le plan civil, un sinistre lié à une absence de dispositif ou de formation peut engager la responsabilité de l’employeur et entraîner des coûts considérables en réparation et assurance.



✅ Bonnes pratiques pour une conformité durable

✔️ Réaliser une évaluation formalisée des risques incendie et la mettre à jour régulièrement. 

✔️ Désigner et former des travailleurs compétents à la lutte contre l’incendie et à l’évacuation. 

✔️ Rédiger, afficher et diffuser les consignes de sécurité spécifiques à chaque site

✔️ Vérifier régulièrement les extincteurs, alarmes et issues de secours

✔️ Organiser au moins un exercice d’évacuation annuel, avec un rapport écrit. 

✔️ Consigner toutes les actions dans un registre de sécurité (formations, contrôles, incidents, etc.). 

✔️ Impliquer activement les salariés en les intégrant dans les processus de prévention et d’amélioration continue. 

✔️ Se tenir informé des évolutions réglementaires à travers les communications de l’ITM ou d’organismes spécialisés.



📌 Pour aller plus loin


🎯 En résumé : toutes les entreprises ne sont pas concernées de la même manière, mais toutes ont une obligation de résultat en matière de sécurité. Il est temps de passer à l’action — avec méthode.


📅 Rendez-vous dimanche prochain pour notre numéro 3 : 👉 Ergonomie au poste de travail : un levier sous-estimé de performance et de prévention.

fr_FRFrançais